LES DÉBUTS

Vagnfabriksaktiebolaget I Södertelge fut créé en 1891 en Suède avec le soutien de Surahammars Bruk en plein boom ferroviaire. 

Aujourd’hui, plus de 100 ans plus tard, Scania occupe toujours ses locaux d’origine et est devenu l’un des grands constructeurs mondiaux de camions, de bus, de moteurs et fournisseur de services connexes. Il aura fallu à la société 30 ans de tâtonnements pour trouver sa voie, dont elle n’a depuis jamais dévié.

Vagnfabriksaktiebolaget i Södertelge était le nom de la fabrique de wagons basée à Södertälje Ltd. Ses propriétaires espéraient tirer profit du marché florissant du transport de matériel par voie ferroviaire.

Malgré la topographie particulière de la Suède (2 000 km du nord au sud) et le taux de pauvreté élevé, l’État fit construire entre 1850 et 1900 un réseau complet de lignes ferroviaires à écartement standard couvrant la totalité du pays, jusqu’aux régions désertées de l’extrême nord. Une multitude de petites lignes privées, souvent caractérisées par un écartement plus étroit, étaient reliées au réseau principal.

Pays agricole pauvre, la Suède connut une industrialisation très tardive, contrairement à de nombreux pays comme l’Angleterre. Au début des années 1840, l’école primaire devint obligatoire pour tous les garçons et les filles. À cette époque, d’importants chantiers de construction ferroviaire virent le jour dans le sud de la Suède.

Durant les années 1860, le pays fut touché par plusieurs récoltes médiocres qui provoquèrent des famines. Les mouvements démocratiques tardèrent à s’imposer, laissant les masses sans pouvoir et sans influence. Cette situation entraîna une émigration massive. Entre 1850 et 1920, plus de 40 pour cent de la population partit chercher fortune dans d’autres pays, majoritairement les États-Unis.

Forts de ce succès, ses dirigeants influencés par le modèle allemand décidèrent de se diversifier sur le marché naissant de l’automobile. Un jeune ingénieur, Gustaf Erikson, fut recruté pour développer « les automobiles et engins similaires ».

Ainsi la première automobile suédoise effectua son trajet inaugural en 1898. Ses débuts furent laborieux et elle s’avéra quasiment impossible à manœuvrer. La construction automobile se révéla plus difficile que prévu. En 1901, au prix de nombreux efforts, un moteur efficace et fiable vit le jour et fut utilisé dans un tramway ferroviaire, le premier véhicule motorisé produit par l’entreprise. C’est ce moteur qui équipa le premier camion VABIS et la première voiture de transport de passagers produite en série par la société. Lors du premier salon automobile de Stockholm, il rencontra la concurrence de la société Scania, un fabricant de cycles et de véhicules basé dans le sud de la Suède, qui exposait son premier camion. Ce salon conforta les deux sociétés dans leur choix de poursuivre dans l’industrie automobile.

Toutefois, les ventes de camions tardèrent à décoller pour VABIS. Le moteur était de bonne qualité, mais plusieurs étapes de modification du châssis étaient nécessaires pour répondre aux besoins spécifiques des clients. En réalité, la production de camions en série ne débuta qu’en 1906 avant de s’accélérer en 1909. Au tout début du vingtième siècle, les courses automobiles étaient pour les fabricants l’occasion de faire connaître leurs produits. En 1909, la première course de camions fut organisée en périphérie de Stockholm. Compte tenu des conditions routières particulièrement éprouvantes, tous les concurrents furent récompensés pour avoir réussi à les maîtriser.

L’essor ferroviaire s’essouffla au début du vingtième siècle lorsque le marché du transport de biens fut saturé.

Ainsi en 1907, les dirigeants de VABIS concentrèrent leurs efforts sur l’industrie automobile en ouvrant à Södertälje une nouvelle usine entièrement dédiée à la construction de « véhicules standard » et de moteurs. Ces moteurs étaient également destinés à l’industrie et à la marine.

Les ingénieurs de VABIS avaient l’esprit novateur et en 1907, le premier camion équipé d’une benne basculante sortit de l’usine, tout comme l’ancêtre du bus, un camion composé d’une plateforme amovible pour le transport de passagers.

Le commerce ferroviaire autrefois si florissant ne générant plus de revenus, investir dans ses propres modèles et dans une nouvelle usine s’avéra catastrophique pour l’entreprise. Scania, de son côté avait choisi de s’inspirer des véhicules étrangers en assemblant ses modèles avec des composants achetés auprès de tiers, une méthode nécessitant un investissement initial moins lourd.

Dès 1902, Scania était un fabricant de voitures prospère. Les sites de production furent étendus et la production de camions débuta véritablement en 1908.

Le premier bus fut construit en 1911, et en 1912, la fabrication de camions de pompiers se modernisa, une niche qui allait s’avérer déterminante pour Scania-Vabis durant les années 1910.

En 1914, une nouvelle gamme de moteurs performants fut créée et resta en production jusqu’au mitan des années 20. C’est à un jeune ingénieur visionnaire, August Nilsson, que l’on doit ce nouveau moteur. En 1915, celui-ci fut nommé ingénieur en chef et allait diriger pendant plus de 30 ans le service conception de Scania-Vabis. Le siège social était situé à Södertälje. La société commença à élargir son marché, installant des concessionnaires en Suède et dans les pays scandinaves voisins. Certains contrats furent même signés avec des pays aussi lointains que le Siam (Thaïlande) et l’Australie.

La reprise attendue après la Première Guerre mondiale n’eut pas lieu et la déflation menaçait Scania-Vabis. Les investissements lourds dans la production, et auprès des fournisseurs extérieurs en matériaux bruts comme l’acier, étaient hors de prix.

Le concept commercial de l’entreprise se heurtait à la concurrence de constructeurs étrangers produisant à grande échelle. Mais dès la levée des restrictions d’importation, le marché suédois fut inondé de véhicules étrangers bon marché produits en masse. Scania-Vabis n’avait aucune chance de survivre face à une concurrence aussi rude.

À l’orée des années 20, Scania-Vabis traversa une crise sévère. En 1921, la société était en liquidation. Son nom fut conservé et Scania-Vabis reprit bientôt ses activités. Gunnar Lindmark fut nommé nouveau directeur général et posa avec l’ingénieur en chef August Nilsson les bases d’une longue période de stabilité.

Toute la production fut relocalisée à Södertälje et la société se concentra sur les camions et les bus, sans chercher à rivaliser directement avec les véhicules d’importation bas de gamme.Une nouvelle gamme de moteurs à soupapes en tête fut également développée par August Nilsson et son équipe.

L’équipe créative dirigée par August Nilsson réalisa également plusieurs innovations nées des exigences de ces clients, notamment, outre les chaînes cinématiques de pointe, le système de basculement hydraulique et l’équipement de gravillonnage pour camions, ainsi que la conduite suivie pour les véhicules postaux.

Des services de bus réguliers furent mis en place dans toute la Suède dans les années 20 et devinrent une nouvelle niche prometteuse pour Scania-Vabis. L’étroite collaboration avec les ingénieurs de ses clients permit non seulement aux ingénieurs de la compagnie de se surpasser en proposant des solutions innovantes, mais également de poser des bases solides pour l’avenir et d’asseoir une stratégie focalisée sur les clients, qui perdure à ce jour.